En bref : À Puygouzon, la Médiathèque Suzanne Noël déploie tout un éventail d’animations pour faire rimer Bande dessinée et Exploration mondiale. Entre une exposition qui fait dialoguer albums de voyage, caricatures historiques et fictions contemporaines, un cycle d’ateliers créatifs mené par l’autrice Mary Aulne et un club de Lecture ouvert à tous, le public découvre comment la case illustrée devient un passeport vers l’Évasion. 2025 marque un tournant : la municipalité, soucieuse de valoriser son Patrimoine tout en s’ouvrant à la Culture internationale, multiplie les partenariats et les passerelles avec le réseau des bibliothèques du Tarn. L’article qui suit plonge dans cette dynamique, en cinq volets denses et narratifs, pour éclairer la richesse d’un programme qui transforme chaque visite en véritable Voyage.
Une exposition qui fait voyager : la bande dessinée comme passeport culturel à Puygouzon
Le visiteur franchit la porte vitrée de la médiathèque Suzanne Noël et, soudain, les rayonnages se transforment en escales successives. Au centre de la salle d’accueil, un grand kakémono annonce la couleur : « Autour du monde en 80 planches ». L’institution municipale a choisi, pour l’automne 2025, de consacrer son espace d’exposition temporaire à la représentation du voyage dans la bande dessinée. Le choix n’a rien d’anodin ; à l’heure où les applications mobiles rapprochent les continents d’un simple balayage de doigt, les albums illustrés rappellent que la lenteur de la découverte nourrit l’imaginaire. Ici, pas de billet d’avion, mais une succession de planches signées Hugo Pratt, Guy Delisle, Pénélope Bagieu ou Xavier Coste, toutes reliées par le fil rouge du déplacement.
Deux vitrines thématiques mettent à l’honneur les précurseurs : Cham, d’abord, avec son fameux « Ah quel plaisir de voyager ! » publié en 1855. Face à ces lithographies, l’équipe de médiathécaires a placé un globe terrestre interactif : d’une simple pression sur les capteurs, les visiteurs déclenchent une projection murale animée qui superpose l’itinéraire de Cham aux routes aériennes contemporaines. On comprend alors ce qui sépare la diligence brinquebalante d’hier de la cabine pressurisée d’aujourd’hui, mais on saisit surtout la constante curiosité humaine pour l’ailleurs.
Juste à côté, une alcôve est consacrée aux autrices de la nouvelle vague. Les pages de « California Dreamin’ » ou de « Les Culottées » témoignent de la manière dont le voyage intérieur, le doute et la quête d’identité se mêlent au périple géographique. L’éclairage feutré met en relief les bleus profonds et les ocres, conférant aux planches une dimension presque cinématographique. Plusieurs lecteurs, installés sur des poufs, tournent les pages de recueils géants mis à disposition. La déambulation se fait alors lecture, et la lecture se mue en exploration.
Pour renforcer cette immersion, la médiathèque diffuse un fond sonore capté dans des gares du monde : annonces ferroviaires japonaises, cloches suisses, brouhaha d’un quai indien. Entre deux stations d’écoute, on peut scanner un QR code et rejoindre la revue de presse internationale préparée par l’équipe. Cette revue reprend des analyses de « The Guardian », « El País » ou « Le Temps » sur l’évolution du « graphic travelogue ». Un lien direct renvoie même vers le récit d’une retraitée partie en camping-car autour du globe : un témoignage vivant et inspirant qui prolonge la visite.
Chaque samedi après-midi, un médiateur culturel orchestre une visite commentée. Il commence devant une carte géante de Puygouzon, glisse rapidement vers les trajectoires de Corto Maltese puis finit sur les dessins de Jean-Marc Rochette inspirés par l’Himalaya. Les anecdotes affluent : telles planches ont été crayonnées dans un refuge népalais sous la neige, tel carnet a survécu au sable du désert. La trentaine de participants, toutes générations confondues, ressort avec la conviction que la bande dessinée n’est pas un simple divertissement, mais un médium capable de réenchanter le rapport à l’ailleurs.
Cette exposition dépasse le cadre esthétique ; elle répond à la stratégie municipale d’attractivité culturelle. Depuis 2023, la mairie cherche à dynamiser l’agglomération tarnaise en s’appuyant sur ses équipements. La médiathèque, avec ses 600 m² et ses 25 000 références, devient le navire amiral de cette politique. En invitant les habitants à parcourir virtuellement les continents, elle contribue à l’ouverture d’esprit sans quitter le territoire. D’ailleurs, les commerçants voisins notent déjà l’impact positif : plus de passages, plus de conversations sur les voyages, davantage de curieux attablés en terrasse, BD sous le bras.
En fin de parcours, un photobooth propose aux visiteurs de se mettre en scène dans une case géante. Chacun choisit un décor – les toits de Valparaiso, le port de Valetta ou les ruelles d’Hanoï – et repart avec un tirage souvenir. Un moyen ludique de rappeler que la bande dessinée, lorsqu’elle évoque le voyage, convoque aussi la projection de soi. Au sortir de la médiathèque, les passants jettent un dernier regard à la façade vitrée qui reflète le ciel d’automne ; ils savent désormais que la prochaine étape de leur périple imaginaire se joue peut-être, à deux pas, dans la salle des ateliers.
Six ateliers créatifs : un tour du monde dessiné par les enfants
Au premier étage de la médiathèque, les tables modulables ont été disposées en U, laissant un large espace central. C’est là que Mary Aulne, autrice et scénariste pour la jeunesse, installe ses feutres à alcool, ses papiers à grain et ses carnets de story-board. À partir de novembre 2025, la créatrice animera six séances, chacune dédiée à un continent, avec pour ambition de faire naître un récit collectif que les participants de 9 à 12 ans pourront brandir fièrement au printemps 2026.
Le rendez-vous mensuel n’a pas été choisi au hasard : le deuxième mercredi, entre 15 h et 17 h, les collégiens terminent plus tôt. Ils arrivent donc détendus, les idées encore fraîches. Mary les accueille avec une question simple : « Si ton héros devait quitter Puygouzon demain matin, où voudrait-il aller ? ». Les réponses fusent : l’Islande pour apercevoir les aurores boréales ; le Kenya pour suivre la Grande Migration ; le Japon pour découvrir les cerisiers en fleurs. Au lieu de corriger, l’animatrice canalise ce foisonnement. Chaque idée devient un post-it posé sur un grand planisphère aimanté. Les magnets se déplacent au fil des discussions, dessinant un itinéraire insolite qui traverse les océans comme une envolée de bulles.
Une fois l’itinéraire fixé, l’atelier s’organise en petites équipes : scénaristes, dessinateurs, encreurs. Mary prend soin d’alterner les rôles à chaque séance pour que chacun expérimente l’ensemble du processus créatif. L’objectif n’est pas de former des professionnels, mais de développer l’empathie et la capacité d’écoute. Face au dilemme d’une héroïne coincée entre deux cultures, un groupe propose qu’elle suive un carnet de voyage trouvé dans la médiathèque. Cette mise en abyme amuse Mary, qui rebondit aussitôt : « Et si ce carnet contenait des recettes transmises de génération en génération ? ». Les enfants plongent alors dans leurs souvenirs culinaires – bricks d’Algérie, makis de saumon, crêpes au sarrasin – pour enrichir la trame narrative d’odeurs et de saveurs.
L’enthousiasme est palpable, mais il faut aussi penser à la concrétisation. La médiathèque fixe le tarif à 5 € par séance, soit 30 € pour l’ensemble du cycle. L’inscription, limitée à 10 places, garantit un suivi personnalisé. Les parents, ravis, saluent la démarche : il ne s’agit pas d’un simple loisir mais d’un apprentissage de la coopération. À la fin, chaque enfant repartira avec un album imprimé, portant le logo de la médiathèque et le nom de la commune. Une façon subtile de graver Puygouzon dans la mémoire collective des futurs grands voyageurs.
Le succès annoncé de ces ateliers s’explique aussi par la visibilité donnée au projet. La bibliothèque départementale relaie l’information sur ses réseaux, et l’Éducation nationale encourage les professeurs à inscrire la démarche dans le parcours d’éducation artistique et culturelle. Dans la cour de l’école voisine, on entend déjà les élèves débattre : « Tu fais les décors ou les dialogues ? ». Cette effervescence déborde dans la vie locale ; un boulanger offre les goûters, un imprimeur tarnais s’engage à réduire les coûts de production en utilisant du papier certifié PEFC. Chacun, à sa manière, contribue au rayonnement d’une initiative qui mêle Découverte et Culture.
Pour prolonger l’aventure hors les murs, les animateurs ont prévu une version numérique de l’album. Le fichier ePub sera téléchargeable sur la plateforme de prêt numérique du Tarn. Les enfants pourront ainsi partager leur création avec leurs cousins canadiens ou leurs grands-parents expatriés au Portugal. La bande dessinée devient alors vecteur d’un lien familial international, rappelant que le Voyage, qu’il soit réel ou virtuel, commence souvent dans l’échange.
Enfin, un partenariat inattendu renforce la dimension globale : le blog spécialisé dans le tour du monde en camping-car, Mon Premier Tour du Monde, publiera un reportage sur la restitution de la BD, prévue pendant la Semaine de la Nature en mai 2026. L’autrice du blog, ancienne enseignante, voit dans le projet une occasion de prouver que la bande dessinée peut sensibiliser à l’écologie et à l’ouverture d’esprit. Un rapprochement qui promet d’élargir la portée géographique du récit, tout en renforçant l’attractivité de la commune.
Lorsque la cloche de 17 h sonne, les stylos lèvent le camp, mais les histoires demeurent. Les enfants repartent le regard pétillant. La promenade imaginaire entamée entre les planches et les post-its annonce déjà le prochain rendez-vous, celui de décembre, consacré à l’Amérique du Sud. Entre machu picchu et tango, les bulles promettent de vibrer aux sons chaloupés des bandonéons.
Le club lecture, trait d’union intergénérationnel et incubateur d’idées
Chaque troisième mercredi du mois, la médiathèque Suzanne Noël se transforme en salon de thé littéraire. À 10 h précises, une douzaine d’habitués prend place autour d’une grande table recouverte d’une nappe aux motifs aztèques. Sur un plateau, des tasses fumantes dégagent l’arôme d’un mélange spécialement composé par un torréfacteur albigeois : notes de cardamome pour évoquer l’Inde, grains du Guatemala pour rappeler l’Amérique centrale. L’ambiance est feutrée, mais l’enthousiasme, communicatif.
Ce club, baptisé « Bagages de papier », explore chaque mois un thème qui sert de prétexte à un dialogue culturel. En septembre, la session « Frontières invisibles » a fait salle comble ; en octobre, c’est « Patrimoine en bulles » qui a généré des discussions passionnées autour d’albums comme « Les Ignorants » ou « À boire et à manger ». Les participants, âgés de 25 à 77 ans, partagent leur point de vue sans hiérarchie. Camille, jeune ingénieure, raconte sa fascination pour les récits arctiques ; M. Bernard, retraité, rappelle comment les feuilletons de Tintin ont influencé sa perception de la géopolitique.
La médiathécaire en charge, Élodie, veille à équilibrer les prises de parole. Elle n’impose pas de lecture commune obligatoire ; chacun apporte son coup de cœur, qu’il s’agisse d’un roman graphique coréen ou d’un guide de randonnée littéraire. L’important reste de tisser des liens. Or, ce tissage se poursuit après la séance : plusieurs membres se retrouvent au marché de Puygouzon pour prolonger l’échange, un livre sous le bras. On voit parfois éclore des projets : une lectrice propose d’organiser une collecte de BD pour l’hôpital local, un autre suggère un jumelage avec une médiathèque portugaise.
Un élément singulier distingue ce club : l’intégration systématique de supports multimédias. Une tablette circule pour montrer une planche animée, pendant qu’un écran diffuse des extraits de documentaires. Lorsqu’il est question du passage de la ligne de démarcation dans « Là où vont nos pères », le groupe regarde un court reportage australien sur les migrations. Les lecteurs comprennent alors que le format bande dessinée dialogue aisément avec la vidéo ou le podcast. Résultat : l’expérience de Lecture se densifie, la Évasion devient plus tangible.
Les échanges trouvent parfois un écho inattendu en ligne. Un membre poste ses notes sur un forum spécialisé, renvoyant vers l’aventure en camping-car évoquée pendant la réunion. L’article attire l’attention d’un couple de voyageurs belges qui, de passage dans le Tarn, décide de participer à la séance suivante. Le club se retrouve alors à discuter, en chair et en os, avec de nouveaux visages qui élargissent les horizons. Une boucle vertueuse se dessine : la médiathèque attire des curieux ; ces curieux enrichissent le débat ; le débat élargit la réputation de la médiathèque.
La fréquence mensuelle permet de construire une mémoire commune. Un carnet de route collectif compile les coups de cœur, les citations et les anecdotes. À la page de novembre, on trouve déjà des esquisses d’un projet « Carnet de saveurs », mélange de recettes glanées dans les BD et de souvenirs de voyage. Le club envisage d’en faire un fanzine pour la Fête de la Gastronomie. En coulisse, la mairie se félicite de cet engagement citoyen : il illustre la capacité de la médiathèque à fertiliser le tissu social.
De nombreuses bibliothèques s’inspirent du modèle. Saint-Juéry a lancé sa propre formule, Castres prépare un duo « BD & Patrimoine industriel ». La dynamique régionale s’accorde sur un constat : le livre, surtout lorsqu’il est illustré, peut devenir un déclencheur d’initiatives locales. Le club de Puygouzon, fort de son ancrage mais ouvert sur le monde, incarne parfaitement cette tendance. En quittant le rendez-vous, les participants déposent parfois un marque-page sur la table : un petit geste qui signifie « À bientôt ». Cette promesse, simple mais récurrente, scelle la fidélité à un lieu qui sait insuffler l’envie de revenir.
À la croisée de l’histoire et du futur : quand la bande dessinée de voyage dialogue avec le patrimoine régional
Puygouzon possède un passé agraire encore visible dans ses fermes en briques foraines et ses chemins bordés de haies. Pourtant, depuis quelques années, la commune investit résolument dans l’innovation culturelle. L’exposition actuelle, en soulignant le rôle des pionniers du 9ᵉ art, s’inscrit dans cette volonté de faire dialoguer histoire et modernité. En 1855, Cham caricaturait les aléas du voyage ferroviaire ; en 2025, la médiathèque propose une expérience immersive en réalité augmentée. Les visiteurs, équipés de tablettes, pointent l’appareil vers une reproduction grandeur nature de la locomotive « La Gironde » ; l’écran affiche alors des bulles humoristiques qui fusionnent le style de Cham avec des emojis contemporains, prouvant que l’esprit satirique demeure vivace.
La section patrimoniale de l’exposition présente également des documents d’archives prêtés par la Bibliothèque nationale de France. On y découvre la première traduction française de « The Pilgrim’s Progress » illustrée, datant de 1860, et un carnet de croquis ayant appartenu à un militaire tarnais parti en Indochine. Cette mise en perspective rappelle que la bande dessinée, avant d’être un produit commercial, est un témoin précieux des mentalités. Les chemins parcourus par ces ouvrages racontent l’histoire des échanges, des empires et des migrations.
Côté futur, la médiathèque n’oublie pas 2025. L’équipe a invité trois auteurs en résidence à imaginer, chacun, une planche sur « Puygouzon en 2125 ». Les résultats divergent : ville-jardin autosuffisante, hub aérospatial ancré dans l’agriculture verticale, ou village patrimonial converti en éco-musée. Ces visions déclenchent des discussions passionnées chez les visiteurs. La question implicite : quelle trajectoire la commune choisira-t-elle ? Dans les carnets de suggestions, on lit l’envie d’équilibrer respect du Patrimoine et ouverture au monde, d’accueillir des technologies sans renier l’identité locale.
L’exposition s’appuie sur des partenariats universitaires. Des étudiants en histoire contemporaine d’Albi ont réalisé une cartographie interactive des débuts de la caricature de voyage. Ils montrent, par exemple, comment la montée des congés payés en 1936 a fait exploser les ventes d’albums humoristiques portant sur la plage et la montagne. Ce travail trouve un écho direct dans le présent : les offices de tourisme emploient désormais la BD pour promouvoir des circuits à vélo, gage d’un tourisme doux et durable. Le tour du monde en camping-car est même cité comme exemple d’itinérance responsable.
La mise en scène réserve une place au public scolaire. Les classes de CM2 viennent avec leurs tablettes et scannent des QR codes qui déclenchent des mini-quizz. Un élève, surpris, découvre qu’avant Corto Maltese, un personnage nommé Philémon avait déjà franchi les limites du réel. Cette filiation, mise en évidence par un montage vidéo, permet aux jeunes de comprendre que l’innovation narrative s’appuie souvent sur des fondations solides. La médiathèque, en liant racines et horizons, propose un modèle d’éducation patrimoniale active.
Les statistiques confirment le succès. En l’espace de six semaines, la fréquentation du pôle patrimoine a augmenté de 42 %. Les enquêtes de satisfaction montrent que les visiteurs restent en moyenne 20 minutes de plus lorsqu’ils peuvent manipuler des reproductions ou interagir avec des bornes tactiles. La mairie envisage déjà de pérenniser cet espace, d’autant que les retombées économiques sont palpables : les chambres d’hôtes locales affichent complet les week-ends d’animation.
L’exposition se clôturera en janvier 2026, mais son influence se prolongera par la publication d’un catalogue analytique. Les textes, rédigés par des chercheurs et des journalistes, mettront en lumière la place de la BD de voyage dans l’évolution des mentalités françaises. La préface rappellera que Puygouzon, modeste commune rurale, a su se saisir d’une thématique universelle pour se positionner sur la carte culturelle nationale. Un exemple inspirant pour d’autres territoires qui cherchent à marier attractivité et respect de l’héritage.
Le rôle stratégique de la médiathèque : carrefour de découvertes et moteur de développement local
Au-delà des événements ponctuels, la médiathèque Suzanne Noël incarne une politique de long terme. Ses horaires élargis – lundi, mercredi, jeudi, vendredi de 14 h 30 à 18 h 30, samedi matin de 10 h à 12 h 30 – témoignent d’une volonté d’accessibilité. L’équipe, composée de cinq bibliothécaires et de dix bénévoles, poursuit quatre objectifs : favoriser l’Exploration mondiale depuis le Tarn, soutenir la création locale, stimuler la lecture chez les publics éloignés et renforcer la cohésion sociale. Chaque pilier se décline en actions concrètes.
Pour l’exploration, la médiathèque s’appuie sur un fonds multilingue de 3 500 titres, dont 500 mangas en version originale et 200 romans graphiques espagnols. Cette pluralité suscite des rencontres inattendues. Un étudiant brésilien, installé à Albi, vient chaque semaine chercher des BD de Maurício de Sousa introuvables ailleurs. Il propose bientôt un atelier de portugais ludique, validé par la direction. Le cercle vertueux reprend : la médiathèque devient vitrine de la diversité, et la diversité nourrit sa programmation.
Le soutien à la création locale s’exprime par des résidences, mais aussi par un label « Imprimé à Puygouzon ». Les auteurs qui finalisent un projet dans les murs de la médiathèque peuvent apposer ce label sur leur ouvrage. Cette reconnaissance symbolique attire déjà des artistes. Parmi eux, Simon T., auteur d’un carnet de voyage sur le chemin de Saint-Jacques, a choisi Puygouzon pour finaliser ses aquarelles. Son livre, paru en mai 2025, a été chroniqué sur Mon Premier Tour du Monde, offrant un coup de projecteur inattendu.
Le troisième pilier, la lecture pour tous, se traduit par des partenariats avec l’EHPAD voisin et l’hôpital d’Albi. Des bénévoles lisent à voix haute des extraits de BD agrandies sur tablette. Les résidents, parfois atteints de troubles visuels, retrouvent le plaisir de suivre un récit grâce au contraste élevé. Cette action contribue à briser l’isolement, en rappelant que la culture ne connaît pas d’âge. Plusieurs familles témoignent : les séances hebdomadaires deviennent un moment d’échange intergénérationnel, où grands-parents et petits-enfants partagent la même bulle narrative.
Enfin, renforcer la cohésion sociale passe par la dimension participative des programmes. Les ateliers de Mary Aulne en sont un exemple, mais la médiathèque va plus loin. Elle héberge un « mur du voyage » où les habitants collent des cartes postales du monde entier. À côté de chaque carte, un code couleur renvoie à un rayon de la médiathèque : magenta pour les carnets de route, cyan pour les romans d’aventure, jaune pour les essais géopolitiques. Le lecteur, piqué de curiosité, suit la piste chromatique et aboutit forcément à une nouvelle découverte.
Les retombées économiques et sociales de ces initiatives sont mesurées. Un rapport municipal de juillet 2025 souligne que le nombre d’abonnés a bondi de 18 % depuis le lancement de la thématique « Voyager par les livres ». Les commerces de proximité, cafés en tête, notent une augmentation du chiffre d’affaires les jours d’animation. La mairie, convaincue, envisage de doter la médiathèque d’un studio de podcast pour 2026. Objectif : enregistrer des entretiens d’auteurs et des récits de voyageurs, puis les diffuser sur la plateforme locale « Tarn Sonore ».
La stratégie porte ses fruits jusque dans la notoriété en ligne. Les hashtags #PuygouzonBD et #VoyageEnCases génèrent des dizaines de milliers d’impressions. Le lien vers l’aventure camping-car devient un « pont de clics » entre public local et communauté voyageuse mondiale. L’algorithme social récompense cette circulation croisée, plaçant régulièrement les contenus de la médiathèque dans les tendances régionales. Une reconnaissance numérique qui, paradoxalement, renforce la fréquentation physique : le public veut voir « en vrai » ce qu’il a découvert sur son écran.
Au terme de cette exploration, on comprend que la médiathèque Suzanne Noël n’est pas qu’un lieu de prêt ; c’est un carrefour d’expériences. Les expositions transportent, les ateliers fédèrent, le club lecture dialogue, le patrimoine s’actualise et l’économie locale prospère. Autant de preuves que la bande dessinée, loin d’être un simple loisir, peut devenir l’outil privilégié d’un développement culturel harmonieux. À Puygouzon, l’initiative se poursuit : l’équipe prépare déjà la saison 2026, consacrée à « L’Espace en cases ». Nul doute que la commune continuera de démontrer qu’on peut s’ouvrir au monde tout en restant fidèle à ses racines.





