Semaine du goût : Voyage culinaire à travers les cantines scolaires du monde

découvrez la semaine du goût et embarquez pour un voyage culinaire inédit à travers les cantines scolaires du monde, explorant saveurs, recettes et cultures

En bref – Les temps forts de la Semaine du Goût 2025 dans les cantines scolaires

Une programmation baptisée Menus Sans Frontières transporte plus de 8 000 écoles vers cinq continents sans quitter la Table des Écoliers.

Chaque jour, un nouveau pays au menu : Afrique, Inde, Italie, Maghreb puis Chine, avec des ateliers sensoriels pour une authentique Découverte des Papilles.

Les chefs de restauration travaillent main dans la main avec les enseignants pour transformer la pause-déjeuner en véritable Voyage Gourmand Junior.

Un fil rouge ludique suit les aventures d’un Petit Gourmet Globe-Trotteur qui colle des tampons sur son passeport culinaire au fil des assiettes.

L’initiative, soutenue par le ministère de l’Agriculture, vise à ancrer le « bien manger » dans les habitudes dès l’école élémentaire tout en luttant contre le gaspillage alimentaire.

Semaine du Goût : les fondements d’un passeport culinaire pour la jeunesse

Depuis trente-six ans, la Semaine du Goût fédère enseignants, cuisiniers scolaires et producteurs autour d’une mission : éveiller le sens critique et sensoriel des enfants face à l’alimentation. En 2025, l’événement prend une dimension plus internationale que jamais. Avec le programme Cantines du Monde, les cuisines collectives se transforment en carrefours culturels où les épices remplacent l’encre des manuels pour raconter l’histoire des peuples. Chaque plateau se lit comme une carte postale ; chaque bouchée commente la géographie, l’histoire, l’écologie ou l’économie d’une région.

Le choix du thème « Goût d’Ailleurs » n’est pas anodin : les élèves d’élémentaire ont grandi dans un environnement numérique où les frontières semblent abolies, mais ils connaissent souvent mieux un hamburger virtuel qu’un potage malgache. Les initiateurs de la Semaine du Goût 2025 ont donc imaginé un parcours d’Évasion Culinaire Jeunesse pour reconnecter l’écran à la fourchette. En s’appuyant sur un scénario narratif – l’odyssée d’un garçon de CM1 prénommé Malik, surnommé le Petit Gourmet Globe-Trotteur –, les animateurs font voyager les classes sans baisser le rideau entre l’apprentissage et le plaisir gustatif.

Lorsque l’horloge sonne midi, la cantine devient un aéroport. Le pupitre de la vie scolaire se transforme en kiosque de contrôle des passeports ; un tampon coloré symbolise la destination du jour. La perspective ludique n’est pas une simple animation : elle stimule la motivation intrinsèque des enfants à goûter des aliments inconnus. Selon une enquête menée sur un panel de 2 500 élèves, le taux de refus de légumes exotiques baisse de 37 % quand l’enfant dispose de ce passeport culinaire à compléter.

Côté logistique, les équipes de restauration ont réactualisé leurs circuits d’approvisionnement. Les bananes plantains proviennent d’un importateur équitable certifié en Côte d’Ivoire, le massala arrive d’une coopérative du Kérala et les légumes secs italiens sont fournis par une exploitation biologique d’Émilie-Romagne. Cette cohérence éthique alimente le discours pédagogique : au cours de la file d’attente, les affiches décrivent le trajet carbone des ingrédients et proposent des alternatives « locales mais exotiques » comme la courge musquée pour remplacer l’aubergine asiatique hors saison.

Plus qu’une semaine gourmande, l’opération devient un laboratoire d’innovation publique. Des fiches pédagogiques invitent les enseignants à convertir l’expérience gustative en savoirs interdisciplinaires : calcul du prix de revient en mathématiques, exposé sur la biodiversité en sciences, récit de route de la soie en histoire. Le ministère observe déjà un effet collatéral significatif : les repas thématiques génèrent 21 % de gaspillage en moins que les menus traditionnels. Les élèves estiment la valeur symbolique d’une recette qu’ils ont découverte et racontent son histoire à la table familiale, prolongeant ainsi l’apprentissage hors des murs de l’école.

Cette section pose ainsi le décor : la Semaine du Goût n’est plus un simple événement ponctuel mais un véritable dispositif d’acculturation alimentaire, où l’assiette sert de médiatrice entre connaissances théoriques et expérience sensible. Le voyage peut démarrer : première escale, le continent africain.

Cap sur l’Afrique : quand la cantine danse au rythme des épices et des contes

Lundi matin, le chef de cuisine scolaire Didier Louvel accroche un grand tissu wax au-dessus du passe-plats. Le réfectoire s’illumine de motifs turquoise et ocre. Immédiatement, les élèves parlent plus bas, comme si une atmosphère solennelle s’installait. Au menu de cette première étape : yassa de poulet, attiéké parfumé, bananes plantains rôties et petite salade de mangue-citron vert. Le mélange de saveurs crée un choc gustatif ; les palais s’ouvrent, même chez ceux qui d’ordinaire craignent l’acidité.

Les animateurs ont prévu un rituel pour ancrer la mémorisation : avant de plonger la fourchette, chaque enfant écoute un court conte sénégalais diffusé par les haut-parleurs. La légende de la tortue Malal, qui invite les villageois à partager son repas, illustre la valeur de la solidarité et favorise la convivialité à la Table des Écoliers. Cette association entre récit et repas agit sur la cognition : selon la psychologue scolaire Marie Lemoine, « relier une histoire à une sensation physique (la saveur) multiplie par deux la rétention mnésique du vocabulaire culinaire chez les 8-11 ans ».

Le volet nutritionnel n’est pas négligé. Les fiches « Saveurs Scolaires » affichent les apports en protéines du manioc et la richesse en fibres de la patate douce. Le professeur d’EPS propose ensuite un jeu de relais « grain de mil » où les élèves transportent de petites graines dans des gobelets afin de comprendre la notion de gaspillage. L’angle ludique démontre que la découverte de nouvelles textures peut se faire sans heurt.

Un autre moment fort prend forme autour d’un bar à épices. Alignés sur une table, des flacons transparents renferment curcuma, piment gingembre et clou de girofle. Les élèves, équipés de bandeaux, respirent les arômes et essaient de deviner leur provenance. On observe alors un phénomène fascinant : un enfant de CE2, d’ordinaire silencieux, partage l’origine malienne de sa famille en expliquant comment sa grand-mère prépare le thiéboudiène le dimanche. Le repas se transforme en scène d’oralité où chacun peut être expert.

Pour renforcer l’ancrage géoculturel, une carte interactive projetée sur le mur indique la provenance des ingrédients. Le pointeur lumineux attire l’œil des élèves ; les distances terrestres se matérialisent. La géographe invitée, Léa Gauthier, explique l’impact du changement climatique sur la culture du cacao en Afrique de l’Ouest : discussion transversale sur la consommation responsable. Les enfants repartent avec une « fiche-étiquette » à coller sur leur cahier d’EMC pour poursuivre la conversation en famille.

La chanson de clôture, un afrobeat entraînant, déclenche une mini-chorégraphie collective. Cette inclusion de la musique sert un objectif précis : créer une association durable entre plaisir et découverte alimentaire. Le lundi se termine, mais une vidéo pédagogique prolonge l’aventure à la maison.

Visuellement dynamique, le clip cumule déjà 12 000 vues en deux jours, preuve que les parents s’approprient aussi le projet. Le lendemain, la route des épices conduit la cantine vers l’Inde.

Immersion en Inde : un festival de couleurs et de douceur pour apprivoiser le curry

Mardi, un parfum de cardamome flotte dans le couloir. Entre les posters d’éléphants et les guirlandes de fleurs en papier crépon, la file des élèves avance. Les plateaux se garnissent d’un dhal onctueux, de riz basmati au cumin et d’un poulet tikka revisité pour palais juvénile – un dosage malin, suffisamment parfumé pour intriguer, mais jamais brûlant. Une sauce à la mangue apporte douceur et vitamine C. Le chef Louvel attribue la réussite de ce menu à une recherche méticuleuse : « Si l’on réduit la force du piment sans sacrifier le bouquet d’épices, les enfants entrent dans la culture indienne par la porte de la sécurité. »

Cette idée est au cœur du concept Cuisine Autour du Monde : adapter sans dénaturer. Les fiches techniques précisent des équivalences : remplacer le ghee par un beurre clarifié local, privilégier la tomate fraîche pour diminuer la charge en sel des concentrés. Les cuisiniers tiennent un journal de bord pour partager leurs astuces sur la plateforme intranet des cantines, créant ainsi une communauté de pratiques transrégionale.

Le volet pédagogique s’appuie sur un atelier de danse Bollywood simplifié. L’enseignante de musique montre un mantra rythmique ; les enfants frappent leurs mains pour marquer la mesure avant de déguster. Cette mise en mouvement prépare le système digestif et abaisse l’appréhension. Les sciences cognitives confirment que l’activité physique douce relâche la dopamine, favorisant l’ouverture à la nouveauté.

À la fin du repas, deux épices majeures – le curcuma et la cannelle – sont exposées sous microscope numérique. Les grains jaunes du curcuma montrent une structure alvéolaire qui fascine les élèves ; soudain, la cuisine rejoint la biologie. L’enseignante de SVT explique les propriétés anti-oxydantes de la curcumine, liant santé et gastronomie. Cette transdisciplinarité incarne l’esprit du programme Menus Sans Frontières.

Un autre dispositif retient l’attention : la « boîte à odeurs familiales ». Chaque enfant est invité à rapporter un petit sachet d’épice ou d’aromate de la maison pour le placer dans la boîte commune. Ainsi, la cannelle utilisée par la grand-tante pour les compotes, ou le zaatar déposé par un camarade d’origine libanaise, deviennent vecteurs de dialogue. Cette micro-anthropologie culinaire valorise les patrimoines invisibles des familles et crée des ponts entre les assiettes.

À midi et quart, un silence étonnant règne : les enfants savourent, conscients de participer à une expérience spéciale. Haroun, élève de CE2, avoue à son éducatrice que « le curry, en fait, ça ne pique pas forcément ». Cette phrase illustre la victoire symbolique de la Semaine du Goût : casser les stéréotypes alimentaires. En quittant le réfectoire, chacun tamponne la page « Inde » de son passeport, sourire compris.

La cloche retentit et la promesse d’un territoire plus familier se profile : l’Italie. Avant d’embarquer pour la Botte, un court documentaire sert de transition.

Escale en Italie et détour par le Maghreb : dialogues de terroirs méditerranéens

Mercredi met à l’honneur l’Italie. Les cuisiniers décorent la cantine aux couleurs du Tricolore. Pourtant, le chef Louvel décide de détourner les clichés : pas de pizza ni de spaghetti, mais un risotto aux asperges du Val d’Adige et une caponata de légumes, accompagnés d’un sorbet au citron de Sicile. L’accent porte sur le produit brut et la lenteur de cuisson, pour enseigner la patience culinaire. Les affiches expliquent la différence entre riz Arborio et Carnaroli ; les élèves expérimentent la texture onctueuse, plus crémeuse qu’un riz classique. Des comparaisons tactiles avec le riz basmati de la veille encouragent l’analyse sensorielle.

Dans l’après-midi, une table ronde réunit un agriculteur italien en visioconférence et une classe de CM2. Les élèves posent des questions sur le fromage Parmigiano ; surprise : la coopérative dont il est issu compte 80 % d’énergie renouvelable pour chauffer les caves d’affinage. La dimension environnementale devient palpable. L’atelier se termine par une dégustation de parmesan 18 mois, amené sous vide pour garantir la fraîcheur. Les enfants apprennent à reconnaître les cristaux de tyrosine qui confèrent le léger croquant du célèbre fromage.

Jeudi, la boussole culinaire reste en Méditerranée mais glisse vers le sud. Le Maghreb prend le relais avec un couscous de légumes racines, des boulettes végétariennes épicées au ras-el-hanout et une salade d’orange à la fleur d’oranger. Là encore, le discours pédagogique démystifie. Les slogans « Semoule n’égale pas gluten » ou « Épices ne signifient pas piquant » illustrent l’objectif : combattre les idées reçues qui détournent certains enfants d’une cuisine pourtant riche et équilibrée.

Les enseignants introduisent un mini-atelier de poésie : un haïku rédigé collectivement autour du mot « coriandre ». Cette association littéraire fait du repas un acte culturel global, fidèle au mantra « Manger, c’est lire le monde ». Un élève d’origine tunisienne apporte un pot de harissa artisanal. Les enfants apprennent à doser cette pâte incendiaire, découvrant le pouvoir de la parcimonie. Dans un sondage en direct via tablettes, 78 % disent qu’ils seraient prêts à en reprendre à la maison, preuve d’une confiance nouvelle envers les épices.

La dimension intergénérationnelle n’est pas oubliée : une retraitée, ex-cantinière, raconte la mutation des recettes maghrébines en France depuis les années 1980. Son témoignage illustre la manière dont les migrations enrichissent le patrimoine culinaire. Le message est clair : l’identité française se nourrit aussi d’un couscous partagé.

La vidéo, filmée comme un carnet de bord, sera exploitée en cours d’histoire pour aborder les flux migratoires. La séquence prépare également la dernière étape : la Chine et son univers de textures surprenantes.

Voyage en Chine : textures, baguettes et apprentissages durables pour les jeunes gourmands

Vendredi, les portes du réfectoire s’ouvrent sur un décor rouge et or. Les plateaux présentent un trio d’initiation : soupe de maïs et œuf, nouilles sautées au chou pak-choï, dim sum de légumes vapeur. Le choix d’un menu majoritairement végétarien répond aux objectifs ministériels de réduction des protéines animales. La complexité réside dans la découverte de textures inédites : la douceur glissante du tofu soyeux, le croquant du chou et l’élasticité de la pâte à ravioli. Les animateurs distribuent des baguettes en bambou réutilisables pour prolonger l’expérience.

L’apprentissage de la gestuelle devient un jeu : attraper un grain de maïs rapporte un point, saisir un morceau de tofu en rapporte trois. Cette dimension ludique permet de charger la mémoire motrice et sensorielle simultanément, renforçant l’acceptation de nouveaux aliments. Les enseignants de mathématiques recyclent le jeu pour aborder la notion de probabilité : combien de tentatives pour réussir 5 prises ?

En parallèle, un quizz interactif sur écran géant aborde l’histoire de la route du thé. Les enfants découvrent les hutongs de Pékin et les rizières en terrasse du Yunnan. L’objectif : montrer que la gastronomie est indissociable du paysage et de l’ingéniosité humaine. Lorsque la cloche retentit, un élève de CM1 lève la main pour demander s’il est possible de reproduire les dim sum à la maison. Le chef Louvel distribue alors un feuillet illustré en bande dessinée, où chaque étape de la recette est simplifiée. Les parents sont invités à partager leurs essais sur l’ENT de l’école.

Le bilan carbone de cette dernière escale est commenté en direct. Grâce à un partenariat avec un fournisseur français de tofu, l’empreinte transport est réduite et sert d’exemple concret aux leçons de géographie durable. Les élèves débattent : vaut-il mieux un fruit exotique bio importé par avion ou un légume local sous serre chauffée ? Cette invitation à la réflexion critique incarne la vocation longue durée de la Semaine du Goût.

Avant de libérer les enfants pour le week-end, les enseignants orchestrent une cérémonie de remise de diplômes « Évasion Culinaire Jeunesse ». Chaque élève reçoit un badge arborant les dix mots-clés de la semaine, parmi lesquels Goût d’Ailleurs et Voyage Gourmand Junior. Les visages rayonnent : au-delà des plats, c’est un sentiment d’appartenance à une aventure collective qui subsiste.

Le programme éducatif ne s’arrête pas là. Les cantines partenaires prévoient déjà de pérenniser un « vendredi découverte » mensuel. Les recettes plébiscitées reviendront en rotation, ancrant durablement les habitudes gustatives diversifiées. Les chiffres préliminaires indiquent un recul de 15 % de la consommation de boissons sucrées durant la semaine, signe que l’ouverture à de nouveaux goûts peut influencer d’autres choix alimentaires.

Au-delà du tableau statistique, les souvenirs sensoriels s’inscrivent dans la mémoire des enfants : la fraîcheur de la mangue indienne, la douceur parfumée du couscous, le fumet du risotto ou la surprise du tofu. Ce capital d’expériences compose désormais leur répertoire culinaire personnel, prêt à être transmis à leur tour.

La Semaine du Goût 2025 se referme donc sur une certitude : ouvrir la cantine sur le monde, c’est offrir aux élèves la possibilité de devenir des citoyens attentifs, curieux et responsables.

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