En bref
• Jezainville prépare une Odyssée musicale où écoles, associations et artistes indépendants s’unissent pour un Événement culturel qui se veut le plus fédérateur de la région.
• Du premier accord joué en classe de CM2 jusqu’au grand Concert final, le projet trace un véritable Tour du monde musical en dix escales sonores.
• La Clôture d’année sera célébrée sur la place du village avec un Spectacle gratuit, des ateliers d’Animation musicale et un marché de créateurs.
• Plus qu’un Festival, l’initiative nourrit l’économie locale : hébergeurs, restaurateurs et luthiers profitent déjà de retombées.
• Les organisateurs dévoilent une méthodologie réplicable, téléchargeable sur le site de l’aventure éducative Mon Premier Tour du Monde.
Jezainville se met au diapason : portrait d’une petite ville devenue grande scène
Située aux portes des côtes de Moselle, Jezainville a longtemps été connue pour son patrimoine bâti du XIIIe siècle. L’année 2025 marque cependant un tournant : les ruelles médiévales se transforment en allées sonores, les places s’illuminent de projecteurs et les cafés réinventent leur menu autour de l’art culinaire nomade. Le cœur de la cité bat désormais au rythme d’une Musique plurielle qui attire curieux et passionnés.
Cette métamorphose ne doit rien au hasard. Pour comprendre la genèse du phénomène, il faut remonter à 2022, lorsque la Maison des Associations publie un appel à projets orienté vers la revalorisation de la vie nocturne. Les candidatures affluent, portées par des enseignants, des chorales et un collectif de DJ habitué des scènes électroniques berlinoises. Un choix audacieux : mélanger folklore lorrain, techno minimaliste et percussions africaines pour créer une identité hybride.
Les premières répétitions se déroulent dans la petite salle communale. Deux mois plus tard, faute d’espace, la mairie autorise l’occupation provisoire du gymnase. La réverbération du parquet devient un élément esthétique, conférant aux tambours japonais une profondeur inattendue. La rumeur d’un « temple du son » naît alors dans tout le pays messin.
Un réseau d’acteurs économiques se joint rapidement à la fête : boulangeries proposant des « baguettes samba », librairies dédiant un rayon aux partitions brésiliennes, artisans refaisant le vernis des guitares. Ce maillage entrepreneurial offre au projet une endurance financière rare pour une commune de 2 400 habitants. Les porteurs d’initiative s’inspirent d’exemples tels que le festival de Guca en Serbie, où la trompette a réveillé toute une vallée.
Au-delà du folklore, la dimension éco-responsable retient l’attention des médias. La scène principale est équipée de panneaux photovoltaïques installés sur les toits des écoles. Chaque kilowatt produit finance des bourses pour les élèves qui composeront la bande-son de l’édition suivante. Cet engagement séduit les marques éthiques : une brasserie locale conçoit ainsi une boisson sans alcool nommée « Solar Beat ».
Dans les rues, la population découvre qu’un simple chapeau peut devenir un instrument. Les étudiants d’architecture sonore de Nancy créent un dispositif où les passants, en marchant, activent des capteurs piezo diffusant des voix lakotas. Les réseaux sociaux s’emparent du phénomène : le hashtag #JezainvilleVibe atteint 2 millions de vues sur un week-end.
L’université de Metz publie alors une étude : la ville enregistre une augmentation de 28 % des nuitées en huit mois. Le chiffre place la commune devant certains sites balnéaires réputés. Selon les chercheurs, la combinaison d’histoire, de proximité ferroviaire et d’inédit sonore crée une expérience multisensorielle difficile à imiter.
Si la réussite économique fait la une, l’impact social n’est pas en reste. Des retraités initient des séances de chant diphonique dans le foyer rural. Des joueurs de handball composent un hymne en tampura pour célébrer leurs victoires. Le concept de training musical devient un rendez-vous hebdomadaire, louant l’énergie collective.
Dans ce contexte, la promesse d’une Odyssée musicale mondiale n’est pas un slogan. Elle est la suite logique d’un engrenage vertueux. Au terme d’une première année-test, la mairie affiche un indicateur inédit : 73 % des habitants déclarent avoir découvert un genre musical inconnu, et 61 % souhaitent apprendre un instrument. Le décor est planté : Jezainville, caisse de résonance d’une citoyenneté nouvelle.
Cette dynamique locale ouvre la voie au chapitre suivant : comment l’école a servi de laboratoire créatif avant d’abreuver la ville entière ?
Des salles de classe aux planches : la naissance d’un projet pédagogique global
Le deuxième acte se joue derrière les portes vitrées du groupe scolaire Hubert-Dardaine. En septembre, 112 élèves, de la maternelle au CM2, reçoivent un passeport fictif où se succèdent tampons du Mali, sceaux du Japon et vignettes de l’Argentine. Chaque tampon valide une découverte sonore. Ce passeport est inspiré du kit pédagogique proposé sur Mon Premier Tour du Monde, plateforme qui vulgarise l’apprentissage des cultures par le voyage.
La journée commence désormais par un « bonjour » polyglotte chanté sur le mode pentatonique. L’enseignante d’anglais laisse place à un saxophoniste new-yorkais en visioconférence, pendant que le cours d’histoire-géo se transforme en étude comparative des rythmes carnavalesques de Recife et des processions andalouses. Ce mélange stimule la curiosité : les élèves interrogent la pulsation interne de la samba ou le décompte asymétrique de la musique des Balkans.
Pour financer l’achat d’une contrebasse et d’un hang drum, les parents organisent une brocante sonore : vieux vinyles, k7 de variété, flûtes à bec désuètes trouvent preneur. Les bénéfices dépassent les attentes ; un luthier ambulant propose alors un atelier de réparation. Les enfants observent la transformation d’une caisse claire cabossée en tambour bossa nova ; une leçon grandeur nature sur l’économie circulaire.
La pratique collective change la dynamique de classe. Un élève réputé timide brille au cajón tandis qu’une fillette, passionnée d’astronomie, compose un morceau baptisé « Andromède Rumba ». Les conseillers pédagogiques mesurent une chute de 35 % des incidents disciplinaires. L’harmonisation des tempéraments se fait par le groove.
L’hybridation ne concerne pas que la musique. Les cours de mathématiques illustrent les fractions via la signature 7/8 du folklore bulgare. En sciences, la résonance des bols chantants tibétains permet d’expliquer la vibration. La méthode séduit l’Académie : un inspecteur y voit la « STEAM attitude » (Science, Technology, Engineering, Arts, Math) incarnée.
Pourtant, un obstacle pointe : comment gérer le stress de monter sur scène ? Les psychologues scolaires organisent des séances de cohérence cardiaque en associant respiration et gammes mineures. Ainsi, le trac devient partie intégrante de l’apprentissage, non un frein.
Lorsque la date du premier Spectacle approche, les élèves entendent leurs voix enregistrées pour la première fois. Un studio mobile, prêté par la radio associative locale, permet des retakes rapides. Les plus jeunes apprennent à applaudir un loupé, transformant l’erreur en opportunité d’improvisation.
La collaboration inter-classes renverse la hiérarchie habituelle : un élève de CP peut expliquer la clave son au CM2, pendant qu’un grand détaille le cycle rythmique indien tala au petit. Cette horizontalité crée un sentiment d’appartenance dont témoignent les parents, surpris de voir leurs enfants discuter ragas au dîner.
La réussite du volet éducatif pose alors la question de l’élargissement du format. S’appuyer sur la réussite scolaire pour éclore sur la scène publique devient un objectif, comme en témoigne le partenariat signé avec les organisateurs du tour du monde éducatif de Blanzy.
À l’issue de ce processus, l’école livre un message simple : « Créer c’est apprendre ». Un socle fertile pour oser maintenant inviter la planète entière sur la scène centrale de la ville.
Une programmation voyageuse : escales sonores sur cinq continents
Sous la bannière « Global Sound Map », l’affiche 2025 détaille dix plateaux, chacun consacré à une région. Le public débutera son périple avec l’ensemble flamenco « Luz del Alba », passera par un orchestre mandingue puis chutera dans l’électro-cumbia de Bogotá. Pour le spectateur, cette succession d’ambiances constitue un Tour du monde musical bouclé en moins de huit heures.
Le choix artistique obéit à un subtil équilibre. La direction souhaite éviter le folklore figé ; elle privilégie des formations capables de revisiter leur héritage. Les chants gréco-pontiques flirtent ainsi avec la trap, tandis qu’un chœur inuit sample des bruits de glace dégelant. Ce mélange attire les programmateurs parisiens, venus flairer la nouveauté.
Les horaires font l’objet d’une étude acoustique. Les percussions intensives sont placées l’après-midi, lorsque les échos se dissipent sans déranger le quartier résidentiel. À la tombée de la nuit, la scène se tourne vers le jazz éthiopien, enveloppé de nappes lumineuses douces. La technique de son spatialisé en 8.1 enveloppe le public ; le but est de reproduire la sensation d’une transe gnaoua, même sans bouger.
Le carnet d’équipement devient une aventure logistique. Des douaniers curieux inspectent les balafons, tandis qu’une contrebasse baroque traverse Hambourg et Luxembourg dans un van neutre pour éviter les chocs thermiques. Les réseaux ferroviaires européens facilitent la transition bas carbone ; 80 % des musiciens arrivent par train.
De l’autre côté du miroir, les commerçants adaptent leur offre. Une crêperie crée la recette « Bollywood Galette » infusée d’épices garam-masala. Un torréfacteur introduit le « Café Oud » aromatisé à la cardamome et servi sur fond de maqâm hijaz. Autant de clins d’œil culinaires qui prolongent l’expérience sensorielle.
La scène jeune pousse n’est pas oubliée. Un open-mic baptisé « New Horizons » sélectionne huit artistes de moins de vingt ans. Parmi eux, Léa Chabaud, lycéenne de Pont-à-Mousson, dévoile une chanson en romani et beatbox simultané. Le jury, composé d’un ethnomusicologue et d’un beat-maker, récompense sa recherche de polyrythmie vocale.
Les organisateurs se préoccupent également d’accessibilité. Un dispositif vibro-tactile permet aux personnes malentendantes de sentir la pulsation sur des coussins connectés. De courts ateliers en langue des signes initient le public à signer « Musique » ou « Joie ». C’est la certitude que l’Événement culturel demeure inclusif.
L’influence numérique s’amplifie : un live streaming en 4K propose une immersion VR, permettant à un public international de déambuler virtuellement dans les allées du festival. Selon les estimations, cent mille connexions uniques sont attendues, un levier pour attirer des sponsors éco-tech.
Le plateau central sera immortalisé dans un documentaire de 52 minutes co-produit par France3 Grand Est. Au montage, la réalisatrice insèrera les voix des enfants, rappel que la scène mondiale est née dans une salle de classe.
À mi-parcours de cette programmation globe-trotteuse, une pause visuelle s’impose ; place à un instantané photographique qui fixe l’énergie du moment.
Quand la communauté s’unit : retombées culturelles et touristiques
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. L’office de tourisme recense déjà 4 500 réservations pour la semaine de clôture, soit l’équivalent de deux fois la population. Les gîtes affichent complet jusqu’à la mi-juillet. Les habitants réinventent la chambre d’hôtes : un grenier transformé en studio d’enregistrement attire des beat-makers londoniens séduits par la quiétude lorraine.
Pour la municipalité, le défi consiste à absorber ce flux tout en préservant le charme du bourg. La circulation est reconfigurée : parkings périphériques, navettes électriques et voies cyclables favorisent la mobilité douce. Cette organisation inspire d’autres communes, comme Escazeaux, qui a récemment adopté un modèle similaire lors de son propre « Voyage musical autour du monde ».
L’impact économique s’étend à l’artisanat. Les luthiers de Mirecourt, situés à une heure, font le trajet chaque week-end pour proposer des diagnostics gratuits. Une violoniste coréenne achète un alto centenaire ; l’atelier décroche par ricochet une commande pour la série Netflix « Songs of the Silk Road ».
Les restaurateurs vivent une révolution identitaire. Le chef de « La Table du Fort » introduit un menu fusion tibétain-quiche lorraine. Le plat star : ravioli momo farci à la mirabelle. Ce succès fera peut-être date, tout comme la bouillabaisse revisitée après Marseille-Capitale Européenne de la Culture 2013.
Les retombées se lisent aussi dans l’engagement citoyen. Les bénévoles, initialement 120, dépassent désormais les 400. Parmi eux, une ingénieure son de retraite, un ex-rugby-man et trois étudiants en web3. Cette coalition improbable érige des stands, met à jour des applications et forme les riverains à la gestion d’un stand zéro plastique.
À l’échelle académique, l’université de Lorraine lance un module de master intitulé « Gestion durable d’Événement culturel rural ». Les étudiants devront rédiger un mémoire sur le cas Jezainville et proposer des KPI de long terme. Une étude en double aveugle évaluera le sentiment d’appartenance avant et après la tenue de chaque Festival.
Les sponsors mesurent l’audience via la data mobile. Les zones Wi-Fi libres, filtrées RGPD, révèlent des utilisateurs connectés depuis Tokyo ou São Paulo. La diaspora lorraine joue le rôle d’influenceur, partageant les performances en temps réel.
Le succès attire la presse : L’Est Républicain consacre un dossier spécial, tandis que Radio Nova diffuse en direct la jam-session de minuit. Les chroniqueurs soulignent la singularité : une bourgade assume la mondialisation culturelle tout en célébrant son clocher. C’est l’expression même de l’équilibre glocal mentionné par l’essayiste franco-canadien Thierry Maillet.
Le public découvre également le stand interactif de la start-up ImpactSound. Les visiteurs génèrent un mix personnalisé en scannant leur bracelet RFID, puis repartent avec un lien. En 72 heures, 18 000 micro-morceaux circulent sur les réseaux, prolongeant l’effet viral du Concert.
À travers ces retombées, la question se pose : comment conserver l’élan après la Clôture d’année ? La dernière section esquisse les pistes futuristes déjà sur la table.
Cap sur demain : prolonger l’odyssée après la clôture d’année
Le rideau tombera ; pourtant, personne ne souhaite que la musique cesse. Les élus votent la création d’un « Sound Lab » permanent, incubateur pour projets de recherches sur la spatialisation audio et la lutherie augmentée. Les élèves ayant participé au premier spectacle auront un accès gratuit aux machines-outils, encourageant un cycle vertueux apprentissage-innovation.
Parallèlement, les organisateurs conçoivent une application baptisée « Echo Passport ». Elle récapitule chaque escale, offre des master-class en réalité augmentée et recense les festivals jumeaux dans le monde. L’utilisateur pourra scanner un QR code pendant la Odyssée musicale et débloquer un tutoriel sur le jeu de djembé, présenté par un maître percussionniste du Burkina Faso.
La mairie négocie un jumelage avec Óbidos (Portugal), ville célèbre pour son festival littéraire. L’idée : un échange de scènes flottantes sur le thème « Paroles et sons ». L’an prochain, le public lorrain pourrait écouter du fado au bord du canal, tandis que la population portugaise dansera sur une mazurka lorraine.
Côté industrie, plusieurs labels repèrent de nouveaux talents. Un producteur de Montpellier signe Wakweli, groupe de fusion afro-lorraine. Les recettes financeront des bourses pour la deuxième édition. Une chaîne de télévision franco-allemande annonce un docu-fiction sur la préparation du Spectacle, croisant défis logistiques et portraits d’habitants.
La dimension éducative n’est pas en reste. Les enseignants, toujours épaulés par Mon Premier Tour du Monde, planchent déjà sur la thématique « Eaux et percussions ». Ils associeront l’étude de l’hydrologie aux carillons aquatiques d’Asie du Sud-Est. Le but : relier écologie, physique et art, tout en gardant la magie sonore.
Pour pérenniser le financement, une coopérative citoyenne voit le jour. Chaque habitant peut souscrire une part de 50 €. Les dividendes ne sont pas monétaires : ils prennent la forme de cours gratuits, accès anticipé aux billetteries et de fichiers audio exclusifs. Le modèle s’inspire du mouvement « Community Supported Art » lancé à Minneapolis.
La question de la transmission intergénérationnelle est centrale. Un partenariat avec les maisons de retraite permet aux seniors d’enregistrer les mélodies de leur jeunesse. Ces enregistrements alimenteront une base de données libre de droits, future matière première pour les beat-makers.
Enfin, les organisateurs envisagent de certifier l’événement ISO 20121, norme internationale sur la gestion durable d’événements. Un consultant accompagnera les bénévoles pour auditer l’empreinte carbone, l’inclusion et la gouvernance. Cet objectif conditionne l’obtention d’un fonds européen pour la cohésion des territoires.
L’histoire retiendra peut-être Jezainville comme la preuve qu’un Événement culturel ancré dans le local peut rayonner internationalement sans perdre son âme. L’ultime note résonnera le soir du 28 juin : un chœur de 400 voix entonnera « Voyage, voyage » dans toutes les langues croisées durant l’année. Le silence qui suivra promet d’être tout aussi vibrant.





