Résumé — Jimmy Pelletier traverse cinq continents en handbike pour financer un futur complexe de santé adapté au Québec. Accompagné de sa compagne Manon Bélanger et d’une équipe soudée, il transforme chaque kilomètre en don concret, défie les préjugés sur le handicap et rappelle qu’un Périple Solidaire repose d’abord sur l’humanité partagée.
En bref : Une aventure de 40 000 km — Une équipe réduite mais ultra-organisée — Un engagement caritatif porté par l’organisme Adaptavie — Des rencontres qui prouvent que les Solidaires du Monde existent partout — Un récit de ténacité qui réinvente la notion d’Esprit d’Équipe.
Un défi planétaire à la force des bras : 40 000 km d’UniVers le Monde
Lorsqu’il s’élance en juin pour la première des treize étapes, Jimmy Pelletier n’affiche pas un calendrier de course classique : le handbiker prévoit deux ans de route, soit environ 40 000 km à travers 27 pays. Cette distance symbolique, équivalente à la circonférence terrestre, résume à elle seule le caractère absolu de la mission. Plusieurs médias canadiens évoquent déjà un éventuel record homologué en 2025, mais l’ancien paralympien se méfie des chiffres qui brillent. Son crédo reste limpide : avancer pour ceux qui n’ont pas encore accès au sport, récolter un dollar par kilomètre et injecter les fonds dans un centre de santé adapté.
Chaque journée de roulage commence souvent dans la pénombre. Au sol, Jimmy se cale sur son siège profilé, attache ses gants renforcés et enclenche le compteur. La règle interne fixe un rythme moyen de 60 à 80 km selon la météo. Deux jours de selle, un jour de récupération, et ainsi de suite jusqu’à la fin de l’étape. La voiture suiveuse transporte un lit pliant, des caisses de pièces détachées et un mini-atelier. À la moindre crevaison, on soulève la roue avant tandis que Mario Légaré, chef de file logistique, remplace la chambre à air en moins de quatre minutes.
La prouesse technique frappe les curieux rencontrés sur l’asphalte ibérique, mais le sens profond du voyage séduit davantage. Le projet rappelle celui d’autres “Aventuriers Unis” cités par la presse, de la journaliste globe-trotteuse évoquée dans l’épisode de Nellie Bly aux familles parties sans avion comme en témoigne cette longue odyssée terrestre. La comparaison fait mouche : tous montrent que le monde peut se parcourir autrement, pourvu qu’on y infuse une cause.
Le chiffre qui change la donne : 1 $ par kilomètre
Le pari financier n’a rien d’anecdotique. Chaque donateur “achète” un segment géolocalisé sur la carte interactive. En temps réel, un bandeau affiche la progression et la somme récoltée. En seulement quatre mois, la barre des 7 000 km franchis a permis d’amasser plus de 115 000 $. À ce rythme, la construction du complexe Adaptavie — bâtiment de deux étages accessible, salles de kinésithérapie et bassin chauffé — pourrait débuter dès l’hiver 2026. Cet horizon confère au projet une urgence tangible : le confort qu’a perdu Jimmy lors de son accident, il veut l’offrir à d’autres par la pratique sportive.
Le défi planétaire sert enfin de démonstration publique : un corps paraplégique n’est pas un obstacle, mais un point d’appui. Cette conviction, partagée par des initiatives comme le périple d’un voyageur non-voyant, renverse les codes habituels de la performance. Finir un col alpin n’est pas un exploit individuel ; c’est l’achèvement d’une coordination millimétrée où interviennent mécano, nutritionniste improvisé et chauffeur-caméraman. Chaque réussite consolide la dimension Tour Passion de l’aventure ; chaque difficulté rappelle qu’il s’agit d’abord d’une entreprise humaine.
Clore cette première partie sans rappeler le fil rouge serait inconcevable : la caravane roule pour battre la distance, mais surtout pour prouver que la solidarité fait mieux que la bravoure solitaire.
Manon Bélanger : éclaireuse du Coeur Nomade et chef d’orchestre invisible
Dans la lumière rasante d’un matin andalou, il suffit d’observer le tandem informel que forment Jimmy et Manon pour comprendre la mécanique du couple. Sur son vélo droit, Manon se place légèrement en avant, telle une vigie. Elle scrute croisements, stationnements sauvages, chiens en bord de route. Sa voix, amplifiée par un système d’oreillettes sans fil, relaie les instructions. « Virage serré à gauche dans 200 mètres », lance-t-elle d’un ton calme. Jimmy ajuste la trajectoire et se faufile à dix centimètres du sol. Cette complicité rappelle les duos décrits dans certaines aventures en camping-car où co-pilote et conducteur synchronisent leurs gestes sans même y penser.
Manon supervise aussi l’intendance numérique. Chaque soir, une connexion cellulaire lui permet d’envoyer un carnet de bord sur les réseaux sociaux. Elle ajoute les données GPS, quelques clichés teintés de poussière et un mot-clé fédérateur : L’Amour Voyageur. La communauté en ligne réagit, partage, propose un canapé-lit pour l’étape suivante. Ainsi naît un réseau organique de bonnes volontés, amplifié par des plateformes spécialisées comme celles dédiées au tourisme responsable en Afrique. Le couple récolte non seulement des dons, mais aussi des haltes sécurisées, des espaces pour recharger les batteries ou de simples repas chauds.
La gestion du risque reste un autre pan du rôle de Manon. Dans certaines régions latino-américaines prévues au deuxième semestre 2025, les vols de téléphones représentent un danger. Elle s’appuie sur les conseils répertoriés par des guides de sécurité continentaux : ne jamais dégainer un smartphone flambant neuf la nuit, conserver les pièces d’identité en double au fond d’une sacoche étanche. Ces détails, anodins pour le touriste pressé, deviennent vitaux lorsqu’on voyage à hauteur de trottoir, jambe à dix centimètres d’un pot d’échappement.
Loin des caméras, la fatigue s’installe inévitablement. Au huitième jour consécutif de roulage sous la pluie, la lassitude pourrait fissurer n’importe quel duo. Manon coupe alors internet, sort un jeu de cartes voyage et rappelle leur règle d’or : « On se repose avant de céder ». Ce rituel, anodin en apparence, maintient la cohésion. Il illustre la notion d’Esprit d’Équipe transposée à l’échelle d’un couple.
Lorsque la section européenne s’achève à Lisbonne, Jimmy lève les yeux vers Manon et déclare : « Si je vois le monde, c’est parce que tu me montres le chemin ». Derrière la phrase, une promesse : l’un ne terminera pas la boucle sans l’autre.
Mario Légaré et les Compagnons du Voyage : artisanat de la route et science de l’improvisation
Si Jimmy symbolise la résilience et Manon la vigilance, Mario incarne la prévoyance. Directeur de l’organisme Adaptavie, il agit comme cheville ouvrière du convoi. Son 4 x 4 supporteur est un atelier roulant : compresseur portatif, générateur, trousse de soudures à froid. Le véhicule trimballe également une glacière pleine de fruits, dont les bananes indispensables aux apports en potassium. Lorsqu’une étape traverse les montagnes balkaniques, Mario jauge la pente sur une carte topographique afin de décider d’un transfert nocturne stratégique.
Il lui arrive de passer trois heures au téléphone, négociant un passage de frontière, dénichant un hôtel accessible ou organisant une rencontre presse. Cette mission de l’ombre s’apparente à celle de chefs d’expédition polaires étudiés dans le dossier sur les saisons aux pôles. L’efficacité naît d’une lecture simultanée de la météo, de la géographie et des impératifs humains. Ainsi, Mario retarde parfois un départ pour éviter un orage, quitte à ajouter une demi-journée de pédalage plus tard. Personne ne proteste : l’équipe a confiance.
Autour de lui gravitent des bénévoles. Pierre, ancien mécanicien d’avion, remplace une cassette usée en pleine Serbie. Claudia, photographe indépendante, immortalise l’instant où Jimmy atteint la borne des dix mille kilomètres. Chacun vient avec des compétences singulières, mais tous repartent avec la conviction d’avoir intégré une famille itinérante. Le mot-clé communautaire Aventuriers Unis prend alors tout son sens.
Un soir d’octobre, une pièce défectueuse immobilise le handbike. Mario improvise. Il repère une imprimerie 3D locale, modélise la pièce sous logiciel libre et fabrique le prototype pendant la nuit. Le lendemain, Jimmy roule comme si de rien n’était. L’anecdote circule jusque dans les forums où l’on échange déjà sur un futur “tour du monde à la Jules Verne revisité”. Elle témoigne d’une règle : là où le sponsor officiel manque, l’ingéniosité comble les brèches.
Mario veille également à la cohérence médiatique. Il planifie le montage de capsules vidéo qui alimentent les réseaux et renvoie vers la page de dons. Cette communication mesurée évite l’écueil sensationnaliste : on célèbre davantage l’équipe que la performance pure. Au terme de chaque étape, il griffe une citation sur un carnet ; la plus célèbre : « Moins de bruit, plus d’impact ». Elle résonne comme une balise éthique, concluant la troisième partie sur la certitude qu’un succès collectif se construit hors des projecteurs inutiles.
Rencontres, cultures et Voyage Passion : l’énergie des Solidaires du Monde
Traverser un pays ne se limite jamais à aligner des routes. Dans chaque village, Jimmy découvre un micro-cosme où la solidarité se décline à l’infini. Au nord de la Galice, un aubergiste offre le petit-déjeuner lorsque le groupe mentionne le futur centre Adaptavie. À Montélimar, des collégiens revendent des pâtisseries et transmettent la recette — 237 € — à la caravane. Le concept rappelle les initiatives présentées dans certaines écoles de Blanzy, prouvant que la philanthropie étudiante sait franchir les frontières.
L’équipe expérimente aussi la notion de “hospitalité réciproque”. Dans un modeste foyer bolivien, le groupe dort à même le plancher, mais Jimmy propose une séance découverte du handbike aux enfants locaux. Les rires fusent lorsque les gamins essaient d’attraper de la vitesse sur la cour gravillonnée. Cette interaction spontanée consolide l’image d’un Périple Solidaire où les bienfaits circulent des deux côtés.
Au gré des anecdotes s’ajoute un apprentissage linguistique. Manon maîtrise l’espagnol ; Mario, quelques rudiments de russe. Jimmy, lui, acquiert des fragments de vocabulaire grâce aux familles d’accueil. Désormais, il sait crier « Vamos ! » pour annoncer un démarrage, ou « Sangcheop ! » — “attention” en coréen — sur les routes de la péninsule. Ces mots deviennent un code interne que les followers reprennent en commentaire, donnant l’impression d’un gigantesque club de supporters baptisé UniVers le Monde.
La gastronomie crée un autre lien. Dans le Piémont, un chef prépare un risotto aux truffes, équivalent en calories à une demi-étape. En Australie, une famille d’expatriés québécois sert une poutine maison après avoir lu un article sur les cités australiennes incontournables. Chaque plat raconte un petit chapitre. Sans plan marketing, la caravane devient une ambassade culinaire ambulante, utilisant l’assiette comme médiateur culturel.
Les récits sont parfois plus graves. Sur une départementale roumaine, Jimmy croise un réfugié ukrainien en fauteuil roulant. Ils échangent quelques minutes au bord de la route. L’homme confie que, malgré la guerre, il rêve encore de pratiquer le basket. Jimmy l’encourage, lui promet d’envoyer un maillot signé. Deux mois plus tard, une photo arrive : l’Ukrainien, souriant, joue enfin au basket dans un gymnase improvisé. Cet aller-retour émotionnel signe la portée universelle de la démarche : montrer que la mobilité demeure un droit fondamental.
Au terme de ces rencontres s’impose une vérité : le voyage ne serait qu’un itinéraire sans les visages croisés. C’est cette dimension qui transforme l’exploit sportif en manifeste humaniste, scellant l’idée que la roue de Jimmy entraîne un vaste engrenage d’empathie.
Adaptavie : construire l’héritage, bien plus qu’un record
Le cœur du projet palpite à Québec, loin des paysages exotiques. Adaptavie, organisme fondé bien avant le départ, rêvait d’un complexe multisport où une lésion médullaire n’interdirait plus l’accès à un tapis de course ou à un mur d’escalade. Le plan d’architecte prévoit un ascenseur large, des vestiaires à sièges rabattables, des sas automatiques et une rampe douce menant à la piscine thérapeutique. Les fonds du tour du monde constituent la première tranche de financement, mais d’autres partenariats complètent la manne : la municipalité exempte le terrain de taxe, des entreprises locales fournissent matériaux et isolation.
La viabilité à long terme repose sur un modèle économique hybride : abonnements à prix modéré, location nocturne pour la recherche biomécanique, et événements grand public. Cette dimension rappelle l’équilibre trouvé dans les formules d’assurance comparées pour voyageurs : panacher les ressources pour pérenniser l’offre. L’ingénieur en chef envisage même des panneaux photovoltaïques pour neutraliser l’empreinte carbone.
Sur le plan pédagogique, le futur centre proposera des ateliers “handbike découverte”, un mur interactif de réalité augmentée et une zone e-sport inclusive. Les écoles défavorisées de la région pourront bénéficier de navettes adaptées. En coulisses, Jimmy négocie déjà un jumelage avec des associations latino-américaines rencontrées sur la route, afin d’échanger coachs et bonnes pratiques. Ce réseau transcontinental prolongera la mission initiale : diffuser l’idée que l’activité physique est un vecteur d’autonomie.
La presse locale interroge souvent Jimmy sur l’après-tour. Sa réponse tient en quelques mots : « Je passerai d’ambassadeur roulant à mentor local ». Il imagine des stages où des binômes handis-valides répéteront le modèle éprouvé avec Manon. Cette transmission pérennise l’Esprit d’Équipe et aligne la trajectoire de vie des participants sur celle d’un Tour Passion. La boucle sera bouclée : de la route à l’enceinte sportive, l’énergie circule sans perte.
Le chantier devrait démarrer fin 2025, date symbolique qui coïncide avec la conclusion prévue du voyage. Les plans exposés lors d’une soirée caritative, inspirée d’événements comme les soirées “Explorer les merveilles”, dévoilent une façade vitrée incurvée. L’architecte explique son choix : « Elle rappelle la roue d’un handbike, visible de loin, pour que chaque citoyen se rappelle que l’accès au sport se gagne pas à pas. »
L’héritage va donc bien au-delà d’un record homologué ou d’un récit médiatique. Il matérialise une intuition qui parcourt l’article depuis la première ligne : quand un homme pousse ses limites pour autrui, il crée un espace où chacun se dépasse en retour. Ainsi s’achève la cinquième section, sur la certitude que l’amour du mouvement engendre un mouvement d’amour.





