Résumé : L’odyssée à vélo de Maxime Rey est devenue, en trois ans à peine, un cas d’école pour quiconque rêve d’embrasser le cyclotourisme longue distance. Armé d’un unique deux-roues de 45 kg, le jeune Audois a enchaîné 57 000 km et traversé 52 pays, transformant une envie de dépaysement en véritable passion addictive.
En bref : Un départ improvisé deux semaines après avoir reçu son vélo ; des cols himalayens jusqu’au désert du Namib ; des nuits à –20 °C en Alaska et une crevaison à l’ombre d’un baobab en Tanzanie ; un documentaire baptisé « Partir » projeté en 2025 à guichets fermés ; et, surtout, le témoignage que l’aventure à bicyclette reste le moyen le plus intense de conjuguer exploration, rencontres et endurance.
Un défi de cyclotourisme hors norme : 57 000 km d’endurance et de passion
Quitter son village de Cazilhac, pointer à l’horizon et ne plus s’arrêter : c’est ainsi que Maxime Rey a lancé un périple à vélo qui redéfinit la notion même de voyage longue distance. Sans plan millimétré, il a choisi la direction de l’Est, persuadé que la Route de la Soie l’inviterait à bifurquer là où la curiosité l’emporterait. De l’Ararat turc aux stan d’Asie centrale, chaque coup de pédale inscrivait quelques dizaines de kilomètres supplémentaires sur le compteur de son frère mécanique, un VTT réhaussé de porte-bagages pour convaincre vêtements, réchaud et caméra de tenir dans quatre sacoches.
Pourquoi un tel attachement à la bicyclette ? Maxime affirme que la lenteur volontaire ouvre les portes invisibles des continents : un fermier géorgien offre un abricot, un pêcheur vietnamien indique une piste côtière oubliée, un policier du Yukon recommande un bivouac sans ours. La selle devient alors carrefour d’histoires. Sur Instagram, des milliers de curieux suivent la progression, inspirés par ce récit authentique dans lequel la topographie remplace tout filtre numérique. De sa première crevaison sur les pavés italiens à une traversée houleuse du détroit de Béring avortée pour cause de banquise tardive, chaque anecdote nourrit la légende.
L’entraînement? Néant. L’aventurier confesse volontiers qu’il n’avait roulé que de brèves sorties avant de s’élancer. L’évolution de l’organisme est, selon son kinésithérapeute rencontré à Tbilissi, comparable à celle d’un coureur professionnel sur grand Tour : le cœur s’adapte, les fibres musculaires se densifient, la tolérance à la douleur grimpe en flèche. L’endurance est la clé ; elle autorise 150 km quotidiens en plaine ou 80 km sur les rampes boliviennes culminant à 4 500 m.
Au fil des mois, le compteur franchit des paliers symboliques. À 10 000 km, il plante sa tente au bord du lac Baïkal sous un ciel d’août constellé. À 30 000 km, il photographie un glacier en Alaska, prolongeant une descente éprouvante de huit heures sous la grêle. À 50 000 km, l’Atlantique Sud agit comme un miroir : le jeune homme n’a plus peur des chiffres et s’accorde même la folie d’une journée sans rouler, plongé dans la lecture de récits d’autres pionniers, comme celui de Nellie Bly en 1889. Chaque repère kilométrique n’est plus qu’une virgule dans une phrase infinie que seule la ligne d’arrivée, fixée début 2025 à Carcassonne, viendra ponctuer.

Les coulisses logistiques d’un voyage longue distance à travers 52 pays
Si la poésie de la route embellit l’histoire, les coulisses matérialistes la rendent possible. Monter son itinéraire à la dernière minute signifie jongler avec les frontières, les saisons et l’état de la chaîne. Au poste-clé de la préparation, les visas : le Turkménistan impose une fenêtre de transit de cinq jours ; la Chine requiert une invitation officielle ; l’Iran délivre un précieux e-visa sous 48 h, facilitant la progression vers l’Asie méridionale. Pour pacifier ce casse-tête, Maxime s’appuie sur des forums dédiés au périple à vélo, mais aussi sur un comparatif d’assurances tel que celui proposé ici : choisir la bonne couverture médicale permet d’éviter qu’une infection dentaire en Mongolie ruine l’aventure.
Le budget, quant à lui, repose sur une discipline militaire : 10 € par jour en moyenne, parfois moins. L’astuce ? Dormir sous la tente ou solliciter les plateformes d’hospitalité, mais aussi accepter l’offre spontanée d’un repas kirghize ou d’une douche paraguayenne. Quand la carte bancaire tombe en rade au Malawi, un diplomate français croisé au bord de la route lui propose un retrait d’urgence. Ces petites mains invisibles prouvent que la solidarité n’a pas de passeport.
L’entretien du vélo est un autre fil rouge. Les 57 000 km furent ponctués de sept chaînes, trois cassettes et d’innombrables patins de frein. La pièce la plus précieuse reste pourtant le moyeu dynamo, fournissant l’énergie nécessaire aux caméras et au GPS. Les sacoches, elles, témoignent des climats traversés : gabardine en Scandinavie, moustiquaire en Amazonie, filtre à eau indispensable dans le Sahel. La leçon est claire : la légèreté structurelle n’empêche pas la polyvalence, à condition d’accepter que l’essentiel tient dans moins de 30 kg.
La question sanitaire occupe évidemment l’esprit. Entre vaccin antirabique obligatoire pour le Népal et moustiquaire imprégnée conseillée par le centre des maladies tropicales de Montpellier, chaque région dicte ses précautions. L’auteur du voyage se rappelle cette nuit dans la steppe kazakhe où la température plongea à –12 °C : la condensation gelée sur la toile intérieure se transformait en pluie artificielle à chaque mouvement. Gérer l’humidité devient alors un acte quotidien de survie.
Pour ceux qui rêvent d’émuler cette épopée, le conseil numéro un reste l’anticipation vis-à-vis des douanes et des restrictions climatiques. Le détroit d’Hormuz, barré à la navigation de plaisance en 2024, l’a contraint à expédier son vélo en cargo jusqu’à Mascate pour poursuivre l’itinéraire africain. Choisir une alternative maritime passe par la lecture assidue de guides comme la bible des billets tour du monde, même si la magie du plan B réside souvent dans la débrouille.
Rencontres et cultures : l’exploration humaine au cœur de l’aventure
Traverser 52 pays équivaut à feuilleter 52 albums vivants. Chez les nomades kirghizes, Maxime apprend à traire une jument ; à Luang Prabang, un moine bouddhiste lui raconte l’exil de sa famille lors de la guerre d’Indochine ; en Équateur, une institutrice lui demande d’expliquer la France à des élèves fascinés par la Tour Eiffel. Chaque interaction est un pont. Au Sénégal, il partage la cour d’un griot désormais référencé dans cette enquête sur le rôle des griots d’Afrique de l’Ouest; à Tokyo, un salaryman l’invite dans un izakaya où le saké coule aussi vite que les anecdotes sur la vitesse des Shinkansen.
Lorsque le froid d’Alaska cisaille le visage, c’est un chasseur amérindien qui lui montre comment tracer une piste dans la neige pour éloigner l’ours noir. Cette leçon de vie surpasse celle de n’importe quel manuel de survie. Quelques mois plus tard, dans la banlieue de Johannesburg, un club cycliste lui offre une escorte improvisée jusqu’à Soweto, prouvant que l’hospitalité transcende les statistiques de criminalité.
Les papilles, elles aussi, voyagent. Le voyageur troque souvent la barre énergétique pour une spécialité locale : pho brûlant au Vietnam, chakchouka en Tunisie, ceviche au Pérou. La street-food, étudiée dans cet article dédié à la diversité culinaire asiatique, nourrit le corps mais surtout la mémoire. Un simple siomai dégusté dans un marché philippin ravive, un an plus tard, la senteur persistante de gingembre lorsqu’il en parle dans son documentaire.
L’échange se poursuit même à distance grâce aux réseaux sociaux. Les élèves d’une école de Blanzy concoctent un exposé sur les énergies renouvelables après avoir vu son panneau solaire portable ; cette anecdote trouvera un écho dans un projet intitulé Blanzy Aventure Écoles. L’interactivité prouve que l’expérience du voyage se diffuse, telle une onde, bien au-delà de la trajectoire physique du cycliste.
Au fil des pays, les notions de frontière et d’altérité se dissolvent. Maxime aime citer une conversation avec un boulanger arménien : « La pâte doit lever lentement pour gagner en saveur, comme toi sur ton vélo ». Cette phrase incarne la philosophie de l’odyssée : accepter le temps long. Paradoxalement, plus il ralentit, plus la densité d’événements s’accroît, créant une mosaïque de souvenirs qu’un film de 90 minutes peine déjà à contenir.
Quand la nature teste les limites : climats extrêmes et résilience mentale
Glisser du 60 °C du désert du Namib à –25 °C sur la chaîne Brooks en moins de trois mois relève de la prouesse physiologique. Pourtant, c’est exactement ce qu’impose un tour du monde à vélo rude et sans assistance. Les statistiques montrent que sur 100 cyclotouristes longue distance recensés en 2024, à peine 12 % affrontent de tels écarts thermiques. Maxime appartient à cette frange minoritaire. Son secret : une combinaison mérinos-goretex adaptable et une routine d’étirements dictée par un kiné rencontré en ligne, adepte de yoga bikram.
Le vent s’invite fréquemment au banquet des difficultés. En Patagonie, les rafales latérales dépassent 90 km/h, obligeant le cycliste à rouler penché comme un marin face à la houle. La pluie équatorienne, quant à elle, détrempe les plaquettes de frein jusqu’à les rendre muettes ; huit centimètres d’eau stagnent alors dans les chaussures. Face à ces épreuves, la mécanique se marie à la psychologie. Maxime raconte qu’il se répète mentalement un haïku ramené du Japon : « La colline est haute / mais le nuage voyage encore / poursuis la route ». Il transforme la poésie en carburant.
Les accidents naturels impressionnent mais n’entravent pas toujours le progrès. Seule véritable alerte grave : une morsure de singe en Malaisie, nécessitant une série d’injections antirabiques. Grâce au réseau de voyageurs référencé sur Voyage & Famille Aventure, il trouve un hôpital public où le vaccin coûte moins cher qu’un pneu neuf. L’épisode rappelle que la préparation médicale prime sur la préparation technologique.
Enfin, la nuit. Sous la voûte céleste du Kalahari, l’absence de pollution lumineuse transforme chaque bivouac en planétarium. Les constellations guident l’orientation : la Croix du Sud pointe l’Atlantique, Orion signale l’hiver européen. Dans les forêts du Canada, la peur n’est plus cosmique mais acoustique : un craquement de branche suffit à déclencher un pic d’adrénaline. La gestion du sommeil devient exercice de pleine conscience ; elle équilibre l’organisme pour le lendemain, quand 140 nouveaux kilomètres attendent.
Le retour, le film « Partir » et l’inspiration pour les futurs globe-pédaleurs
Le 15 juin 2024, après 980 jours d’errance, la silhouette de la Cité de Carcassonne surgit comme un mirage familier. Un drone immortalise la scène qui ouvrira le documentaire « Partir », projeté en 2025 dans le multiplexe CGR de Pont Rouge. L’avant-première affiche complet ; sur scène, Maxime dialogue avec des collégiens qui préparent déjà leur propre expédition entre Montpellier et Barcelone. Les questions fusent : budget ? Peur ? Motivation ? La réponse se condense : « Le plus dur, c’est toujours le premier coup de pédale ».
Depuis son garage, le VTT originel côtoie désormais un Gravel plus léger, promesse de nouvelles échappées. Deux projets se dessinent : une traversée des îles africaines pour documenter les effets du tourisme côtier, puis la participation à une course d’ultra-distance reliant Marrakech à Varsovie. À chaque idée, la même flamme s’allume dans les yeux de l’aventurier ; il parle de l’aventure comme d’une « drogue douce » qui le pousse à rester fidèle à sa philosophie : lenteur, sobriété, échange.
Pour amplifier l’élan, un livre est en cours d’écriture. Il s’adresse surtout à ceux qui songent à un premier grand départ. Entre deux chapitres, Maxime encourage les novices à étudier des récits variés, de l’Anglaise partie à pied autour du globe au couple ayant fait le tour du monde en camping-car dans cet article sur l’épopée de Dominique. Le message sous-jacent reste que chaque mode de locomotion possède sa propre magie, à condition de cultiver l’humilité et la curiosité.
À l’échelle locale, l’impact se lit déjà. Des écoles carcassonnaises lancent un défi « Kilomètre Solidaire » : cumuler 57 000 km à vélo en un trimestre pour financer l’accès à l’eau potable dans un village sénégalais rencontré par Maxime. La boucle se referme : la route inspire, l’inspiration construit, la construction ouvre de nouvelles routes.
Enfin, la technologie continue de diffuser le récit. L’équipe d’Atome Films prépare une mini-série Web composée de cinq épisodes de 12 minutes, chacun explorant une thématique spécifique : climat, nutrition, mécanique, gestion du risque, philosophie du temps long. Les teasers publiés en janvier 2025 dépassent déjà 800 000 vues, prouvant que la faim de récits authentiques ne faiblit pas.
Comme un clin d’œil, Maxime clame souvent qu’il n’échangera jamais son premier vélo contre de l’or. Le cadre bosselé, les sacoches réparées au fil-à-pêche, les stickers effacés, tout cela raconte une histoire plus précieuse qu’un trophée. Le jour où il reprendra la route, il sait que « Partir » n’était qu’un chapitre. Ses abonnés le savent également. À Carcassonne, l’air sent encore la poussière des remparts ; sur la toile du monde, les kilomètres attendent d’être tracés.





