Gigantesques silhouettes noires surgissant dans un fjord d’Alaska, rorquals s’élançant face aux gratte-ciel de Boston ou baleines franches australes frôlant la plage argentine : le continent américain cumule les meilleurs théâtres naturels pour admirer ces mammifères marins. D’un océan à l’autre, la variété d’espèces et de décors rend chaque observation unique, qu’il s’agisse d’une sortie de quelques heures ou d’une croisière thématique de plusieurs jours. Opportunités photographiques, efforts de conservation, opérateurs engagés, périodes idéales : tout est passé au crible afin de transformer un simple voeu d’évasion en expérience inoubliable.
En bref
- Alaska : capitale nord-américaine des grands rorquals, soutenue par un réseau de guides comme Whale Watch Alaska.
- Pacifique canadien : orques résidentes et baleines grises près de l’île de Vancouver, encadrées par Ocean Adventures Canada.
- Californie centrale : canyon de Monterey, laboratoire vivant pour biologistes et visiteurs.
- Basse-Californie mexicaine : nurseries naturelles des baleines grises, accessibles avec des coopératives locales.
- Nouvelle-Angleterre : Cap Cod, haut lieu historique de la recherche cétologique.
- Québec maritime : fjord du Saguenay et estuaire du Saint-Laurent, royaume de Croisières AML.
- Patagonie argentine : Péninsule Valdés, couloir migratoire extraordinaire protégé par l’Organización Naturalista Patagónica.
- Costa Rica et Panama : carrefour tropical pour baleines à bosse, combo parfait avec plages et parcs nationaux.
Alaska : baleines à bosse dans les fjords glacés
Le sud-est de l’Alaska, dominé par la forêt pluviale de Tongass et par des chenaux profonds, constitue une destination de choix pour qui vise l’observation des baleines aux Amériques. Whale Watch Alaska, basé à Juneau, recense chaque été plus de 500 individus de baleines à bosse attirés par les bancs de harengs. Ces géants, pouvant dépasser 40 tonnes, arrivent en mai après un long périple depuis Hawaï. Leur objectif : faire le plein de calories avant le retour vers les mers tropicales.
Les visites se déroulent généralement à bord de catamarans stabilisés limitant le roulis ; un point capital quand la prudence est de mise pour préserver l’expérience. On y entend fréquemment les guides rappeler la règle des « 100 yards » : aucune embarcation ne doit franchir cette distance minimale, sauf si l’animal s’approche de lui-même. Cette charte, volontairement plus stricte que l’obligation fédérale de 91 m, illustre le volontarisme alaskien.
Pourquoi juin-août maximise les chances d’observation ?
Les courants de marée du Passage Intérieur concentrent le krill et le sand-lance, proies préférées des rorquals. Entre deux phases d’alimentation, les sauts ou « breaching » se multiplient, offrant un spectacle dont se souviennent les passagers de la compagnie Croisières Neptune, spécialisée dans les sorties à la journée depuis Sitka.
- Juin : arrivée massive des femelles accompagnées de leurs jeunes.
- Juillet : pics d’activité liés aux cycles de marée.
- Août : période la plus stable au niveau climatique, avec des fjords libérés des glaces.
Port de départ | Espèces principales | Type de bateau | Durée moyenne |
---|---|---|---|
Juneau | Baleine à bosse | Catamaran hybride | 3 h |
Sitka | Cachalot, orque | Navire d’expédition | 6 h |
Ketchikan | Petits rorquals | Zodiac semi-rigide | 2 h |
À terre, la ville de Juneau ajoute un volet culturel à cette immersion avec le centre Mendenhall Glacier Visitor Center qui propose des séances sur l’« effet cocktail » : un programme combinant observation en mer et trekking sur glacier, très populaire auprès des lecteurs de l’itinéraire « Aventures camping-car ».

L’ombre du Mont Roberts se dessine sur les flots ; l’écho du souffle retentit : la section suivante nous entraîne vers la Colombie-Britannique où les orques règnent sur le détroit de Johnstone.
Pacifique canadien : orques et baleines grises autour de l’île de Vancouver
Le détroit de Georgia et les chenaux labyrinthiques de l’île de Vancouver composent un réseau d’habitats où trois écotypes d’orques (résidentes, de passage et hauturières) croisent les baleines grises en migration. L’opérateur Ocean Adventures Canada capitalise sur cette diversité en organisant des séjours mêlant camping sauvage et expéditions quotidiennes.
Entre mai et octobre, les 72 orques du groupe résident « J-K-L » chassent le saumon chinook. Les scientifiques du Pacific Biological Station les identifient par photographie d’ailerons, un protocole que le visiteur peut découvrir via un atelier interactif. Cet outil pédagogique montre comment les données touristiques alimentent la base « Cetacean Sightings Network ».
Le rôle clé des peuples autochtones
La nation Kwakwaka’wakw, gestionnaire de plusieurs zones côtières, coopère avec les équipages nautiques pour limiter le bruit sous-marin sur les itinéraires à forte densité cétacée. Les touristes participant à un tour « Silent Drift », naviguant à voile pendant les phases d’approche, profitent d’une immersion auditive bluffante : souffle des orques, claquement de queue des baleines grises, conversations lointaines de lions de mer.
- Tofino : porte d’entrée vers la route de migration des grises.
- Port McNeill : accès direct au sanctuaire de Robson Bight, où les orques se frottent sur les plages de galets.
- Nanaimo : base logistique pour l’aérien, reliée à Vancouver par hydravion.
Mois | Probabilité orque (%) | Probabilité baleine grise (%) | Température de l’eau (°C) |
---|---|---|---|
Mai | 70 | 85 | 9 |
Juillet | 90 | 40 | 13 |
Septembre | 65 | 30 | 12 |
Ces chiffres, compilés par l’université de Victoria, confirment l’intérêt de la basse saison printanière pour doubler orques et grises. Les visiteurs désireux de prolonger leur parcours sur le continent peuvent suivre la « Route des vins Argentine-Chili » décrite ici : itinéraire sud-américain.
À mesure que s’éloigne le parfum des cèdres rouges de l’île de Vancouver, l’horizon dévoile le canyon sous-marin de Monterey, prochaine escale californienne.
Canyon de Monterey : laboratoire vivant de la Californie centrale
Le canyon de Monterey, plus profond que le Grand Canyon terrestre, débouche à quelques centaines de mètres de la jetée municipale. Il agit comme un immense entonnoir de nutriments, agrémentant chaque saison d’une faune spectaculaire. Baleines à bosse, rorquals bleus et dauphins communs convergent, dessinant un véritable atlas vivant pour les chercheurs de la Monterey Bay Aquarium Research Institute (MBARI).
Les guides de la compagnie locale « Monterey Bay Whale Watch » insistent sur l’histoire contrastée de la ville : hier capitale de la pêche à la sardine (immortalisée par John Steinbeck), aujourd’hui bastion de la conservation. Cette mutation inspire bon nombre de lecteurs attirés par les récits de voyage responsables tels que ceux présents dans la section Arctique responsable.
Quatre raisons qui expliquent la renommée mondiale du site
- Proximité du canyon : 500 m de profondeur à peine 1 km de la côte.
- Fréquence des sorties : jusqu’à six départs quotidiens en haute saison.
- Champs hydrophones intégrés aux embarcations, diffusant en direct les chants des rorquals bleus.
- Partenariat scientifique : chaque billet finance le programme « Whales of Sound » labellisé par la National Oceanic and Atmospheric Administration.
Période | Espèce vedette | Comportement typique | Conseil vestimentaire |
---|---|---|---|
Avril-novembre | Baleine à bosse | Sauts et claquements de nageoires | Coupe-vent léger |
Juin-septembre | Rorqual bleu | Repas en surface | Casquette + crème solaire |
Décembre-mars | Baleine grise | Migration vers Basse-Californie | Polaire épaisse |
Les visiteurs investissant toute une journée optent souvent pour le « combo aquarium + mer », modèle inspiré des conseils pratiques publiés dans Spots mythiques de surf. Une passerelle relie d’ailleurs la zone d’embarquement à Cannery Row, facilitant les transitions entre activités.

Le golfe de Californie s’inscrit naturellement dans la continuité de ce couloir migratoire ; direction Baja !
Basse-Californie : nurseries des baleines grises à Los Cabos
Chaque hiver, les lagons de San Ignacio, Ojo de Liebre et Bahía Magdalena deviennent une maternité géante pour les baleines grises. Ces zones peu profondes et relativement chaudes protègent les nouveaux-nés des orques et fournissent une eau riche en microparticules énergétiques. Les habitants de La Paz évoquent souvent « l’appel du Pacifique » : un héritage oral rappelant comment les ancêtres perçaient déjà le mystère des vagues en observant les trajectoires cétacées.
La pointe sud de la péninsule, Los Cabos, concentre la majorité des opérateurs agréés pour toucher un large public. Les excursions sont strictement encadrées : nombre de bateaux simultanés limité, temps maximal d’observation de 30 minutes par groupe. Les adeptes d’expériences immersives préfèrent la petite localité d’Adolfo Lopez Mateos où des barqueros communautaires invitent parfois les veaux à « hautér » (venir se faire gratter sur la coque).
Outre les grises : un hotspot pluri-spécifique
En 2025, l’équipe de l’université d’Ensenada a comptabilisé lors de ses campagnes hivernales :
- 23 individus de rorquals bleus, record de la décennie.
- 17 baleines à bosse observées en train de chanter dans le corridor Gordo Bank.
- 52 dauphins à long bec escortant un trimaran de recherche.
Lagons principaux | Accès routier | Opérateur recommandé | Densité moyenne (baleines/km²) |
---|---|---|---|
Ojo de Liebre | Route 1 + piste 20 km | Coopérative Ejido Benito | 4,1 |
San Ignacio | Piste sableuse 52 km | Ecoturismo Kuyimá | 3,4 |
Bahía Magdalena | Route 19 | Red Mangrove Tours | 2,7 |
Après le spectacle mexicain, plusieurs voyageurs poursuivent vers les îles du Pacifique Sud grâce au guide Australie 2025. Cependant, l’étape qui s’annonce prend un virage atlantique : la Nouvelle-Angleterre et ses légendaires rorquals à bosse.
L’excitation ne retombe pas : les sables de Cape Cod attendent déjà les curieux.
Côte nord-est des États-Unis : Cape Cod et Maine à l’honneur
Les bancs de sable sous-marins qui entourent le Massachusetts créent un garde-manger géant pour les rorquals à bosse. Entre avril et octobre, ces derniers affluent pour filtrer la menhaden, petits poissons huileux. La compagnie locale Dolphin Fleet recense plus de 800 sorties annuelles, avec une garantie « satisfaction ou ré-embarquement ». Si aucune baleine n’est observée, un second ticket est offert, démarche rarissime dans l’industrie.
Plus au nord, Bar Harbor, en bordure du parc national Acadia, propose une alternative plus sauvage. Les voyages s’effectuent sur d’anciens bateaux de homardiers reconvertis, permettant le passage dans des eaux peu visitées. L’option plaît aux amateurs de récits d’explorateurs, comme ceux relatés dans Black Lion retour à Nouméa.
Cap Cod : un cas d’école de cohabitation navire-baleine
Face à l’augmentation du trafic maritime dans le canal de Boston, la NOAA a instauré en 2024 un « Dynamic Management Area » : couloirs de navigation variables affichés en temps réel via l’application WhaleAlert. Résultats : ‑67 % de collisions mortelles avec les baleines franches du Nord entre 2024 et 2025.
- Vitesse limitée à 10 nœuds dans la zone critique.
- Signalement obligatoire de toute observation dans les 10 minutes.
- Formation des capitaines sur la lecture des cartes bathymétriques.
Site | Période optimale | Espèce clé | Particularité |
---|---|---|---|
Provincetown | Mai-septembre | Baleine à bosse | Sauts spectaculaires |
Stellwagen Bank | Juin-octobre | Rorqual commun | Alimentation en groupe |
Bar Harbor | Juillet-octobre | Baleine minke | Décors granitiques |
La côte nord-est n’est qu’à un vol direct de 90 minutes de Montréal. Logique donc de franchir la frontière pour explorer l’estuaire du Saint-Laurent, prochain chapitre.
Québec maritime : estuaire du Saint-Laurent et fjord du Saguenay
Le Québec détient un joyau unique : un corridor marin où cohabitent bélugas, rorquals bleus, petits rorquals et baleines à bosse. Dans ces eaux salées jusqu’à 24 ‰, les nutriments remontent par upwelling, transformant le secteur en buffet permanent. Les compagnies Croisières AML, Whale Watch Québec, Exploramer et Baie-Sainte-Catherine Croisières offrent des formules complémentaires : navires panoramiques, zodiacs à faible tirant d’eau ou kayak de mer.
Le béluga, emblème de la région, figure sur la liste des espèces menacées. Les capitaines doivent maintenir une distance d’au moins 400 m, contre 100 m pour les rorquals. Le respect de ces règles fait de la province un modèle salué par l’Alliance mondiale pour les cétacés.
Saguenay : fjord profond et falaises de 400 m
Le fjord agit comme une gigantesque cuillère brassant l’eau douce et salée. Résultat : abondance de capelan et de sébaste. Les saisons d’observation débutent parfois dès mars quand la glace cède.
- Tadoussac : village historique fondé en 1600, point de convergence des biologistes.
- Baie-Sainte-Marguerite : zone de nursery des bélugas, interdite aux moteurs depuis 2023.
- Escoumins : sortie en plongée avec écoute sous-marine des clics de béluga.
Mois | Béluga | Rorqual bleu | Baleine à bosse | Temp. air (°C) |
---|---|---|---|---|
Mai | 90 % | 10 % | 15 % | 12 |
Août | 100 % | 60 % | 55 % | 22 |
Octobre | 95 % | 30 % | 50 % | 10 |
Nombre de visiteurs complètent leur séjour par un safari terrestre vers d’autres incontournables familiaux. Cap vers l’hémisphère sud : la Patagonie appelle !
Patagonie argentine : Péninsule Valdés et Punta Tombo
Inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, la péninsule Valdés courbe sa silhouette tel un bras accueillant la faune marine. Entre juillet et novembre, on dénombre jusqu’à 1 350 baleines franches australes. Punta Norte devient simultanément le théâtre d’une scène unique : l’échouement volontaire des orques pour capturer de jeunes éléphants de mer. Les guides de Organización Naturalista Patagónica ont développé un code d’éthique pour garantir le bon déroulement de ce spectacle naturel sans perturber prédateurs ni proies.
La ville de Puerto Pirámides, seul port autorisé à organiser des sorties, impose des catamarans à double coque pour réduire la profondeur de quille et minimiser les risques de collision. L’entreprise Punta Tombo Tours propose un forfait combinant observation des baleines et visite de la plus grande colonie de manchots de Magellan du continent.
Un écosystème complet, du ciel à la plage
- Condors des Andes survolent les falaises occidentales.
- Guanacos et maras occupent les plaines semi-désertiques.
- Dauphins obscurs croisent parfois les baleines lors des sorties matinales.
Lieu | Période phare | Activité secondaire | Distance de Trelew |
---|---|---|---|
Puerto Pirámides | Août-octobre | Kayak | 95 km |
Punta Norte | Septembre – avril | Observation orques | 155 km |
Punta Tombo | Septembre – janvier | Colonie de manchots | 180 km |
Les aventuriers prolongent souvent vers Ushuaïa avant d’embarquer sur un navire de tour du monde croisant l’Antarctique. Notre périple se termine toutefois en latitude tropicale, là où les baleines à bosse traversent un écrin de biodiversité.
Costa Rica & Panama : carrefour tropical des baleines à bosse
Le parc national Marino Ballena, au Costa Rica, porte un nom évocateur : c’est l’un des rares sites où l’on observe deux populations distinctes de baleines à bosse. Celles de l’hémisphère sud arrivent de la péninsule Antarctique entre juillet et novembre ; celles de l’hémisphère nord, parties du Mexique, séjournent de décembre à avril. Cette situation géographique offre un calendrier d’observation quasi continu, record continental.
Le sable forme ici, à marée basse, une langue en forme de queue de baleine. Les organisations locales comme Safari Baleine misent sur cette symbolique pour sensibiliser aux menaces : bruit sous-marin, plastique et réchauffement. Les recettes de billets financent des patrouilles de lutte contre la pêche illégale autour de l’île Caño, où un récif corallien accueille 19 espèces de cétacés.
Coupler aventure marine et jungle
Plusieurs opérateurs permettent de passer d’une sortie en mer à l’exploration de la canopée dans la même journée grâce à un partenariat avec les guides de Corcovado. Ce modèle d’écotourisme crée un effet « deux en un » salué par le Ministère du Tourisme costaricain.
- Observation matinale de baleines, dauphins tachetés et raies manta.
- Déjeuner local à base de gallo pinto et bananes plantain.
- Randonnée l’après-midi vers la cascade Nauyaca.
Site | Période nord | Période sud | Temps moyen en mer |
---|---|---|---|
Parc Marino Ballena | Décembre-avril | Août-octobre | 3 h |
Golfe de Chiriquí (Panama) | Janvier-février | Juillet-septembre | 4 h |
Archipel Las Perlas | Février-mars | Août | 5 h |
Cette étape conclut un parcours qui, du Cercle Arctique à la forêt tropicale, démontre l’incroyable diversité des cétacés et des paysages américains. Chaque destination, portée par des acteurs tels que Croisières AML, Croisières Neptune ou Organización Naturalista Patagónica, rappelle qu’observer les baleines, c’est avant tout respecter leur monde pour qu’il continue de résonner du souffle des géants.